L’homme de l’avenue

l’homme de l’avenue dort
l’homme de l’avenue dort
les bus klaxonnent
les puces fanfaronnent
les murmures tonnent

L’homme de la rue ignore
l’homme de l’avenue qui dort
les machines goudronnent
les voitures bouchonnent
la famine espionne

et l’homme de la rue roule sur l’avenue
mais tout de l’homme l’avenue ignore

qui est cet étrange humain ?
d’où est-il tombé ce soir ?
la tête au milieu des mouchoirs
on fait comme de ne pas le voir
jeté de quel échafaudage ?
d’une vie de vague abondance
dans la gueule du vagabondage
l’homme sur son échafaud danse

il saute, crie et tournicote
il a de la boue plein les bottes
mais qui trébuche sur le bas-côté
termine sa vie à grelotter

il saute, crie et tournicote
il a de la boue plein les bottes
mais qui trébuche sur le bas-côté
termine sa vie à grelotter

rien n’est advenu à l’homme que la venue d’une morsure d’une mort sûre sur l’avenue
et sur cette avenue nulle étoile n’est venue se pencher sur l’homme de l’avenue

© Théo Armen